mercredi 23 juillet 2008

Le mot des restauratrices, Ethel Bouquin et Marie-Amande Coignard



La chaine de conservation s’est mise en place afin d’assurer le suivi des objets, depuis leur sortie du Rhône jusqu’à leur stockage dans les réserves du musée départemental de l’Arles antique. Nous prenons en charge les caisses remontées par les fouilleurs, en vérifiant l’inscription systématique de leur provenance (zone et strate). Les objets étant quotidiennement déplacés du lieu de fouille vers le musée, il serait très difficile de retrouver ensuite leur localisation sur l’épave et les informations scientifiques seraient perdues si ce travail n’était effectué.


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Le matériel céramique est trié et les objets les plus fragiles sont isolés dans des boîtes (les objets en paroi fine, les céramiques fissurées ou présentant des défauts de cuisson). Compte tenu de l’état des objets, il n’y a quasiment pas de risque de fissuration lors du séchage qui est effectué à l’air libre. Dans le cas contraire, comme pour cette demi-amphore fissurée découverte aujourd’hui, un chiffon mouillé est appliqué autour de la pièce pour la maintenir humide dans la chaude atmosphère du mois de juillet. Elle sera ensuite séchée doucement, dans un lieu frais et sous notre surveillance quotidienne.

- Les objets en matière organique (bois et os) présentent des risques d’effondrement de leur structure interne au moment du séchage. L’eau ayant pris une place importante dans leur constitution, son évaporation crée une forte tension dans chaque porosité, un affaissement des parois et des déformations irréversibles. Ils sont aussi sensibles au développement de micro-organismes, favorisé par l’oxygène, la lumière et la température ambiante. Des pièces en bois dont certaines appartiennent à l’épave ont été trouvées ainsi que quelques os d’animaux.



- Le métal quant à lui se corrode dès sa sortie de l’eau. Cette reprise de corrosion peut être extrêmement rapide et dommageable pour l’objet. Ainsi les deux monnaies en alliage cuivreux découvertes ces derniers jours ont été mises dans l’eau dans l’attente d’un traitement de stabilisation.



Ces matériaux fragiles, dont les rares pièces de verre, sont immédiatement conditionnés dans des sachets numérotés et des bacs remplis d’eau, à l’abri de la lumière. On cherche ainsi à se rapprocher des conditions de conservation de l’enfouissement afin de maintenir un certain équilibre entre les objets et leur milieu.




Les objets ne nécessitant pas de mesure de conservation particulière sont délicatement nettoyés à l’eau dans la salle de lavage du musée, puis triés et inventoriés pour leur étude en post-fouille. Les formes archéologiquement complètes et les objets contemporains de l’épave sont dessinés et photographiés par Assia et Christine. Les objets conservés en eau attendent leur futur traitement de stabilisation et de restauration et seront, en attendant, étudiés dans le cadre du travail de post-fouille par David Djaoui, céramologue, et d’autres spécialistes…


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