mercredi 30 juillet 2008

Mercredi 30 juillet 2008

Le blog n’a plus été alimenté depuis un bon moment et nous nous en excusons. La faute en revient au temps qui, malheureusement, passe trop vite puisque la fouille s’est accélérée ces deux dernières semaines et que nous voici déjà à deux jours du "remballage" de l’épave.

Nous résumerons donc ces derniers jours dans cette page du 30 juillet.

Pour commencer, le demi-dolium, mis au jour l’année passée sur la partie arrière du chaland, a été remonté. L’observation de la jarre, qui présente des traces de feu sur les parois internes et des charbons de bois dans le fond, a permis de valider notre hypothèse de foyer. Ramené au musée, ce dolium va être dessiné, puis photographié avant que des prélèvements des charbons de bois ne soient réalisés afin de faire l’objet d’analyses anthracologiques.

Au niveau de la partie centrale du bateau, une grande partie du chargement de pierres a maintenant été enlevée, nous permettant d’accéder aux structures du bateau, sur une longueur de près de 4 m.


Ces structures sont ici constituées par toute une série d’aménagements internes avec des traverses disposées sur les membrures et, sur les traverses, un double plancher de cale.


Destinés à protéger la structure principale du bateau de la cargaison pondéreuse, ces aménagements font actuellement l’objet de relevés planimétriques et de coupes transversales.


Toute une série de photos complètent cette documentation de cette zone de l’épave. Les relevés s’achèvent demain et la coque fera alors l’objet de prélèvements de bois destinés aux analyses xylologiques qui permettront de déterminer les essences utilisées pour la construction du bateau.

Parallèlement à ce travail d’enregistrement sur le bois de l’épave, le sondage de 4 m², pratiqué sur le flanc de l’épave situé du côté du lit du fleuve, continue. Le matériel, prélevé, dans cette zone, est riche en céramiques et amphores du fin du Ier s.


Parmi ce matériel, une figurine en terre cuite représentant vraissemblablement une déesse-mère, symbole de la maternité et de la fécondité. Assise sur un siège à haut dossier, elle tient serrée contre sa poitrine un nourrisson qu'elle allaite. Cette statuette , pourrait provenir des ateliers de Saône et Loire, très actif dès la fin du Ier siècle apr. J.-C. jusqu'au dévut IIIème apr. J.-C.


Enfin, Vincent Dumas, du Centre Camille Jullian (Aix-Marseille Université-CNRS), est venu hier sur le chantier prendre des points au théodolite afin de réaliser la topographie du site et recaler l’épave dans le plan du cadastre. L’opération s’est néanmoins révélée difficile compte tenu du fait que pour prendre des points référencés sur l’épave, la mire, reliée à une perche, devait être immergée et tenue en place par deux plongeurs : un situé au fond et un situé en surface afin d’essayer de tenir la barre la plus verticale possible… mission des plus délicates avec le courant du Rhône et les problèmes de communication entre fond, surface et topographe situé sur la berge…


Pour terminer, pour le dernier mercredi de la fouille, France 3 Méditerranée nous a suivi toute la journée (avec un direct au journal de 12h00 et un reportage au journal de 19h00) et nous avons encore accueilli, comme tous les mercredis, des visiteurs du Musée départemental Arles antique.


Au total, nous sommes fiers de dire que nous aurons reçu, tout au long de ce mois de juillet près de 250 personnes.

mercredi 23 juillet 2008

Le mot des restauratrices, Ethel Bouquin et Marie-Amande Coignard



La chaine de conservation s’est mise en place afin d’assurer le suivi des objets, depuis leur sortie du Rhône jusqu’à leur stockage dans les réserves du musée départemental de l’Arles antique. Nous prenons en charge les caisses remontées par les fouilleurs, en vérifiant l’inscription systématique de leur provenance (zone et strate). Les objets étant quotidiennement déplacés du lieu de fouille vers le musée, il serait très difficile de retrouver ensuite leur localisation sur l’épave et les informations scientifiques seraient perdues si ce travail n’était effectué.


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Le matériel céramique est trié et les objets les plus fragiles sont isolés dans des boîtes (les objets en paroi fine, les céramiques fissurées ou présentant des défauts de cuisson). Compte tenu de l’état des objets, il n’y a quasiment pas de risque de fissuration lors du séchage qui est effectué à l’air libre. Dans le cas contraire, comme pour cette demi-amphore fissurée découverte aujourd’hui, un chiffon mouillé est appliqué autour de la pièce pour la maintenir humide dans la chaude atmosphère du mois de juillet. Elle sera ensuite séchée doucement, dans un lieu frais et sous notre surveillance quotidienne.

- Les objets en matière organique (bois et os) présentent des risques d’effondrement de leur structure interne au moment du séchage. L’eau ayant pris une place importante dans leur constitution, son évaporation crée une forte tension dans chaque porosité, un affaissement des parois et des déformations irréversibles. Ils sont aussi sensibles au développement de micro-organismes, favorisé par l’oxygène, la lumière et la température ambiante. Des pièces en bois dont certaines appartiennent à l’épave ont été trouvées ainsi que quelques os d’animaux.



- Le métal quant à lui se corrode dès sa sortie de l’eau. Cette reprise de corrosion peut être extrêmement rapide et dommageable pour l’objet. Ainsi les deux monnaies en alliage cuivreux découvertes ces derniers jours ont été mises dans l’eau dans l’attente d’un traitement de stabilisation.



Ces matériaux fragiles, dont les rares pièces de verre, sont immédiatement conditionnés dans des sachets numérotés et des bacs remplis d’eau, à l’abri de la lumière. On cherche ainsi à se rapprocher des conditions de conservation de l’enfouissement afin de maintenir un certain équilibre entre les objets et leur milieu.




Les objets ne nécessitant pas de mesure de conservation particulière sont délicatement nettoyés à l’eau dans la salle de lavage du musée, puis triés et inventoriés pour leur étude en post-fouille. Les formes archéologiquement complètes et les objets contemporains de l’épave sont dessinés et photographiés par Assia et Christine. Les objets conservés en eau attendent leur futur traitement de stabilisation et de restauration et seront, en attendant, étudiés dans le cadre du travail de post-fouille par David Djaoui, céramologue, et d’autres spécialistes…


lundi 21 juillet 2008

Lundi 21 juillet 2008

Au terme de cinq bonnes journées de travail, la troisième semaine s’est finalement achevée le samedi 19 juillet avec la visite de Patrice Pomey (directeur de recherche au CNRS, au Centre Camille Jullian, spécialiste d’archéologie navale antique), Michel Rival (ancien ingénieur de recherche au CNRS, au Centre Camille Jullian, spécialiste d’architecture navale) et celles des géologues.


La venue de Philippe Bromblet, géologue au Centre Interrégional de Conservation et Restauration du Patrimoine (CICRP, Marseille) et de Lise Leroux, géologue aux Monuments Historiques, nous a permis d’avancer sur l’étude des pierres de chargement. Leurs premières observations ont révélé qu’il s’agissait de molasses, c’est-à-dire de pierres calcaires coquillières originaires de la vallée du Rhône. Il est également très probable qu’il s’agisse de déchets de taille remployés pour les tailler en petits moellons destinés à être utilisés dans des constructions. Guidés par le flair d’Otello Badan (parc naturel de Camargue), nous nous sommes rendus, les géologues, Michel Rival, David Djaoui et Sabrina Marlier, sur les carrières de St-Gabriel situées au nord d’Arles, proche de Tarascon.


La comparaison des échantillons des pierres de chargement du chaland Arles-Rhône 3 avec ceux prélevés sur ces carrières révèle que notre chargement provenait probablement de ces carrières qui ne se présentent pas sous forme de front de taille mais sous forme d’affleurements. Des tracés préparatoires à la découpe des blocs de pierres et des traces d’utilisation de coins métalliques, caractéristiques des méthodes d’extraction antiques, remarqués par Lise Leroux sur ces affleurements, révèlent par ailleurs une exploitation de ces carrières à l’époque romaine.
Si la provenance des pierres de chargement de notre chaland semble à présent résolue (elle sera définitivement attestée avec l’analyse, en laboratoire, des échantillons prélevés par Ph. Bromblet), les deux hypothèses concernant l’utilisation de ces pierres restent toujours valables. À savoir un emploi pour l’aménagement des berges du Rhône au niveau d’Arles ou un emploi pour la construction de maisons, soit au niveau d’Arles, soit dans la section inférieure du Rhône, entre Arles et la mer, où des villas gallo-romaines étaient implantées le long du fleuve.
Aujourd’hui, lundi 21 juillet, début de la 4ème semaine de fouille sur l’épave Arles-Rhône 3. La fouille progresse sur les deux fronts : la partie centrale de l’épave où les pierres de chargement continuent à être dégagées, dessinées puis enlevées avec réalisation de prélèvements, et la partie adjacente, du côté lit du fleuve où un sondage est en cours de réalisation.


Au niveau du sondage, la couche de surface sur laquelle travaille actuellement l’équipe révèle la présence de tessons de céramique, d’une amphore quasi complète et de fragments d’amphores ainsi que de clous et d’un élément de bloc architectural. La fouille progresse par stratigraphie artificielle de 20 cm en 20 cm afin d’essayer de restituer, à terre, une stratigraphie archéologique des différentes couches se succédant.
D’ici le milieu de la semaine, nous espérons par ailleurs avancer sur le dégagement des pierres afin de pouvoir commencer à travailler sur les relevés d’architecture de l’épave.
Sinon, pour ce qui concerne l’agenda de la semaine, nous attendons la visite de M. Dominique Garcia, directeur du Centre Camille Jullian (laboratoire d’archéologie africaine et méditerranéenne – Aix-Marseille Université-CNRS), la venue de Claude Vella (géomorphologue au CNRS) qui viendra effectuer un carottage sous l’épave et de Vincent Dumas (topographe-infographe au Centre Camille Jullian) qui viendra réaliser les relevés topographiques de l’épave afin de la recaler dans le plan de la ville antique et actuelle.

jeudi 17 juillet 2008

Mercredi 16/jeudi 17 juillet 2008

L’avancement des fouilles progresse, malgré les mauvaises conditions de visibilité et de fort courant. Les structures de bois de la coque apparaissent dans la partie centrale de l’épave, recouvertes par les moellons calcaires.

L’ensemble est recouvert par une couche constituée de limons du fleuve et de matériels céramiques variés provenant de la zone portuaire antique.
Afin de progresser dans le dégagement de l’épave, un nouveau "carré", de 2,50 m de longueur sur 2 m de large, est installé. Pour le moment, plusieurs caisses de tessons d’amphores et de céramiques appartenant à la couche de recouvrement ont été remontées. Ce matériel est ensuite trié et inventorié au Musée départemental Arles antique dans la perspective d’intégrer Arles-Rhône 3 dans son contexte historique. La nature du chargement – les moellons en calcaire blancs – doit quant à elle nous apporter des informations précieuses sur la fonction du bateau. Celui-ci pourrait être en effet un bateau de servitude, lié à la vie du port, et les pierres auraient alors pu être utilisées dans l’aménagement des berges. Il pourrait également s’agir d’un chaland utilisé dans un cadre commercial et les moellons seraient alors une cargaison destinée à un programme de construction architectural. La venue, demain, de Philippe Bromblet, géologue au Centre Interrégional de Conservation et Restauration du Patrimoine (CICRP, Marseille) et de Lise Leroux, géologue aux Monuments Historiques, devraient nous permettre de préciser la provenance de ces moellons et peut-être nous éclairer sur leur utilisation. Nous nous concentrons donc actuellement sur ces pierres dont nous avons entrepris le relevé et pour lesquelles nous allons prélever des échantillons pour analyse.
Parallèlement à ce travail, un sondage est implanté contre le flanc du bateau situé du côté du lit du fleuve. Ce sondage devrait nous permettre de préciser la stratigraphie du site pour, encore une fois, mieux comprendre l’environnement historique et naturel de l’épave.
Enfin, nous avons eu aujourd’hui la visite de Marc Heijmans, chercheur au CNRS et spécialiste d’épigraphie qui travaille actuellement sur l’inscription épigraphique découverte l’année passée sur le flanc du bateau, C  L  POSTV. Cette inscription, découverte exceptionnelle sur un bateau gallo-romain, pourrait nous apporter des informations essentielles sur le nom et l’origine du constructeur ou du propriétaire du chaland.
Pour finir cette page du jour, ajoutons que la visite du chantier hier, par les publics du Musée départemental Arles antique, a suscité l’intérêt et l’enthousiasme d’une cinquantaine de personnes...... ainsi que des journalistes de France 3, de la Provence et de la radio des "Suds", venus nous interviewer aujourd’hui.

dimanche 13 juillet 2008

Vendredi 11 juillet

Les préfectures du Vaucluse et de la Drôme ayant levé les interdictions à la baignade, à la consommation de l’eau etc.… nous nous remettons, nous aussi, à l’eau…

Et c’est enfin une journée de travail normale qui s’est déroulée pour la première fois en 8 jours sur le chantier Arles-Rhône 3 avec 2 palanquées de 2 plongeurs assurant chacun, une plongée de 1h30 le matin et une autre plongée de 1h30 l’après-midi, soit au total 3h00 de travail sur site pour chacun. Et comme la visibilité s’est un peu améliorée, nous avons pu également avancer en dégageant une partie du tissu géotextile et des sacs de sable qui recouvrait l’épave (mis en place en fin de campagne l’année précédente pour protéger l’épave). Nous avons également dégagé un carré de 2 m sur 2,50 m situé au début de la zone centrale de l’embarcation. Cette zone ayant déjà été fouillée l’année passée, le dégagement est rapide et le dégagement d’une partie du carré suivant a ainsi pu être engagé à la suite.

Nous sommes actuellement dans la partie centrale de l’embarcation où se trouvait probablement un caisson destiné à recevoir une cargaison de pierres… mais c’est là un des objectifs de cette première campagne de fouille qui va porter sur l’étude de cette cargaison présumée et du dispositif d’aménagements internes dont est équipé ce chaland. À suivre donc… après le week-end du 14 juillet…

Jeudi 10 juillet

Nous apprenons que des débordements d’une cuve de traitement d’uranium, survenus dans une usine de Tricastin dans la nuit de lundi à mardi dernier, auraient entraînés des écoulements dans les rivières de la Gaffière et du Lauzon, puis, en fin de course, dans le Rhône. Principe de précaution oblige : nous stoppons les plongées avant d’en savoir davantage. Les Voies Navigables de France nous renvoient sur l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire qui se veut rassurante tandis que le Laboratoire de Veille Radiologique dans l’Environnement ne nous apprend rien de plus. Une partie de l’équipe étant, de toute façon démobilisée sur Aix-en-Provence pour cause d’audition ou de RV, nous préférons continuer les divers travaux engagés à terre. La journée n’est dans tous les cas pas perdue pour tout le monde puisque Pierre décroche une allocation de recherche pour entamer sa thèse de doctorat à la rentrée prochaine ! Nous le félicitons et –surtout Émilien – attendons le champagne pour fêter la nouvelle… en attendant, c’est soirée "plancha", sur une terrasse d’Arles, pour remotiver les troupes… avec le passage de Mohamed, venu nous rendre visite depuis Alexandrie…

Mercredi 09 juillet

La visibilité n’est pas véritablement meilleure que la veille mais décision est prise de réaliser les essais de masques faciaux pour le reste de l’équipe et de tenter une première visite du site. Un par un, et accompagnés de Sandra ou de Jean-Luc, les membres de l’équipe s’essaient à plonger dans les eaux du Rhône avec un masque facial. La sensation, de l’avis – presque général – est assez agréable et les masques sont confortables et sécurisants. Ils ne permettent cependant pas d’y voir mieux sous l’eau et les visites sont finalement relativement courtes. Nous en profitons alors pour rallonger la visite par les publics du Musée départemental Arles antique, prévue tous les mercredis à 14h00, sur le quai du Rhône, au-dessus du chantier. David accueille les visiteurs et leur fait une présentation générale des fouilles et du site tandis que Sabrina assure les explications concernant le type et la construction du bateau, Sandra enchaîne sur l’intérêt et les objectifs des analyses dendrologiques et Ethel termine en expliquant le travail de conservation préventive qu’elle assure sur le chantier. Les visiteurs repartent, après 1h30 de visite, ravis et nous pouvons être sûrs qu’ils seront encore plus nombreux la semaine suivante…



mardi 8 juillet 2008

Mardi 08 Juillet

La journée démarre avec l’installation du pavillon Alpha, chargé de signaler les plongeurs et donc, la présence d’un chantier archéologique, sur la balise rouge, à proximité de l’épave Arles-Rhône 3. Jean-Luc et David se sont ensuite équipé de leurs palmes (et masques faciaux) pour se mettre à l’eau et ont passé une partie de la matinée à installer les suceuses à eau sur l’épave afin de débuter la fouille. Comme nous le redoutions, la visibilité du Rhône est cependant très mauvaise et le courant est fort. Décision est donc prise d’arrêter les plongées pour la journée et de se consacrer aux divers travaux à terminer à terre… en espérant que la journée de demain sera meilleure…

Lundi 07 Juillet 2008


Première journée de fouilles archéologiques programmées sur l’épave antique Arles-Rhône 3 réalisée par le Centre Camille Jullian (laboratoire d’archéologie méditerranéenne et africaine, Aix-Marseille Université-CNRS) et l’association ARKAEOS (Marseille), sous la direction conjointe de Sabrina Marlier (CCJ), Sandra Greck (ARKAEOS) et David Djaoui (Musée départemental Arles antique).
La journée débute par la présentation de l’équipe de fouilles composée majoritairement de jeunes chercheurs et d’étudiants en archéologie. La visite des deux bateaux (le Fleur de Cactus et le Oui) a enthousiasmé le groupe.
Sabrina, Sandra et David ont ensuite convié l’équipe dans le grand carré du Oui à un long briefing d’introduction au chantier. Au cours de cette présentation, les grands axes de recherches, le protocole et l’organisation des fouilles, les normes de sécurité ainsi que les risques et préventions des plongées dans le Rhône ont été présentés.
Cette première journée a ensuite été essentiellement consacrée à la mise en place du chantier avec un groupe chargé des diverses courses alimentaires et usuelles, un autre groupe chargé de s’occuper des bateaux et un troisième chargé de baliser le site pour la navigation fluviale ainsi que de monter les suceuses à eau (= aspirateurs à sédiments). Aucune plongée n’a été effectuée en ce premier jour. Nous sommes cependant perplexe devant l’état du Rhône qui présente un courant important et des eaux chargées des eaux de pluies importantes qui sont tombées plus au nord ces derniers jours…